Hé mademoiselle !

Si tu es en surpoids, tu as sûrement eu droit à des réflexions : un homme qui te drague dans la rue, tu l’ignores et deviens « grosse » ! Le médecin qui te sort brut de décoffrage que tu es obèse… Tes parents, ton chéri qui te parlent de tes bourrelets.

Il y a encore une semaine, je discutais avec quelqu’un d’extrêmement bienveillant qui, sans s’en rendre compte, m’a dit (justement dans le but de démystifier le terme de « grosse ») : « tu es grosse mais souriante » ! Je lui ai fait remarquer qu’il aurait pu dire « et » plutôt que « mais »…

La société a tellement ancré en chacun de nous cet idéal de minceur, synonyme de beauté ! Difficile de s’en libérer.

Quand nous sommes nous-mêmes en surpoids, comment gérer ces réflexions et ce regard sur nous-même ? Quels mots utiliser ?

Nous avons l’embarras du choix : cela va de ronde à pulpeuse, pour les politiquement corrects, à obèse ou en surpoids, pour les plus factuels et médicaux.

Qu’est-ce qu’un « gros » ? 

Qu’en est-il du mot « gros » ?

Ronde et belle
On peut être ronde et se trouver belle, porter des couleurs…

Commençons avec quelques définitions.

Gros : qui, dans son genre, dépasse la mesure ordinaire. Sympa comme définition ! Mais elle s’applique aux choses…

Pour les personnes : qui est plus large et plus gras que la moyenne.

Bon. Déjà moins sympa.

Obèse : qui est excessivement gros. Dont l’IMC dépasse les 30 (voir schéma).

L’OMS met le surpoids et l’obésité dans le même panier : « une accumulation anormale ou excessive de graisse, qui présente un risque pour la santé ».

Enfin, on peut définir le surpoids par « poids excessif ».

Lire l’article Surpoids et obésité, les clés pour en sortir qui résume le livre « La vérité sur l’obésité ».

La plupart des coachs en perte de poids l’utilisent pour le neutraliser. Apprendre à dire : « je suis grosse » au même titre que « je suis blonde » par exemple, permet d’enlever l’impact émotionnel et de mettre à distance le côté péjoratif.

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette idée.

En effet, depuis l’adolescence j’ai quasiment tout le temps été en surpoids, faisant le yoyo. A part à mon poids le plus haut, où je me sentais vraiment « grosse » et surtout mal dans ma peau, je ne me suis jamais attribué cette étiquette de grosse, c’est pour ça que j’ai tant de mal à l’utiliser.

Pourtant, objectivement « gros » est un adjectif qualificatif. Au même titre que grand ou petit. Le problème, c’est que depuis l’enfance on l’entend associé à des insultes : « grosse vache », « gros tas » et j’en passe.

Surpoids, obèse, gros ou généreux ?

Cela a été une question pour nommer mon bonus : « Ose le yoga, surtout en surpoids ».

Mais aussi pour ma formation de profs de yoga. J’ai remplacé le terme surpoids par formes voluptueuses : « Adapte ton cours de yoga aux formes voluptueuses ». L’inconvénient, c’est que c’est plus long. Mais après réflexion, je n’adhère plus au terme surpoids : certes c’est médical, je l’avais choisi pour un côté que je considérais comme neutre et factuel. Mais « sur » poids incite inconsciemment à maigrir ! Alors qu’on peut être en surpoids et en bonne santé. Et je lutte contre ces injonctions à maigrir, la grossophobie qui est une discrimination tellement ancrée.

Dans ma formation de profs, on discute des différents termes utilisés pour désigner la grosseur, qu’ils soient neutres, péjoratifs ou valorisants.

Alors, le problème est double : arriver à regarder la réalité en face et l’accepter, arriver à s’aimer qu’on cherche à maigrir ou pas. Le point de départ c’est l’acceptation, et en se posant la question de savoir pourquoi on veut maigrir, on se rend compte qu’on peut atteindre tous ces objectifs sans focaliser sur le poids.

Voir la vidéo : « Au secours ! J’ai pris du poids ».

Identité de grosse

 

La coach Esther Taillifet parle d’identité de grosse, pour dire qu’il faut arriver à se désidentifier de l’image qu’on s’est forgée à l’appui de ces clichés : bonne vivante, épicurienne, gourmande, docile, la bonne copine…

Pour réussir à maigrir il faut se libérer de cette image et de toutes les peurs liées au fait de maigrir, par exemple, la peur du regard des hommes.

Ne pas savoir gérer des relations de séduction, avoir peur de son propre désir : mieux vaut tenir à distance les tentations par la carapace de graisse plutôt que d’y être confronté…

Dans le livre « Je me petit-suicide au chocolat », Claudine Hunault explique que l’obésité est surtout due à une dépendance à la nourriture. Et ce n’est souvent pas la seule dépendance. Derrière se cache une blessure d’abandon, et c’est sur ces aspects psychologiques qu’il faut travailler.

Quelle que soit l’étiquette qu’on colle derrière le terme de grosse, je t’invite à trouver le terme qui te convient le mieux.

Puis, comprendre que peu importe ton poids actuel, tu ne dois pas attendre pour vivre ta vie, devenir la personne que tu rêves d’être.

Dans le programme Yoga Routine, je t’offre le livre numérique « 8 jours pour t’aimer et t’accepter » où tu découvriras notamment l’exercice du miroir, très puissant !

A tout poids, tu peux trouver des modèles de femmes belles, sexy, confiantes, qui accomplissent des choses extraordinaires. Pour ne citer qu’elle, je t’invite à suivre la magnifique Ashley Graham.

Body positive

S’est développé sur les réseaux un nouveau concept, celui de « body acceptance« .

Ce terme me plaît beaucoup et je le préfère au « body positive ».

  • Body acceptance : on voit son corps tel qu’il est, on l’accepte puisque de toute façon à aujourd’hui il est comme ça. On admet qu’il y a des jours avec et des jours sans, qu’on ne peut pas se trouver belle 100 % du temps mais on fait avec ce qu’on a et au global, on s’aime !
  • Body positive: mouvement qui prône que tout corps est beau tel qu’il est, qui met en avant la cellulite, les vergetures, les bourrelets… Sincèrement, qui arrive à trouver la cellulite belle ? L’accepter je veux bien, trouver ça normal ok, mais on ne va pas non plus la rechercher parce qu’on la trouve belle ! J’en profite pour rappeler que la cellulite touche plus de 90% des femmes, et n’est pas en soi liée au surpoids.

Ce n’est pas parce qu’on accepte son corps qu’on abandonne l’idée d’être en bonne santé, au contraire !

Arrêtons de croire que ces mouvements qui aident les personnes en surpoids à mieux s’aimer, ont pour but de se complaire dans la grosseur !

La souffrance liée au regard des autres est réelle, et d’autant plus dans les cas d’obésité.

L’acceptation de soi

Raison de plus pour commencer par s’accepter pour ne pas rajouter de la souffrance supplémentaire !

Lorsqu’on s’aime pleinement, on assume aussi plus facilement sa silhouette et on sait que nous ne sommes pas que notre corps, que le chiffre sur la balance.

Nous sommes un être humain avec ses qualités et ses défauts, son charme, ses frustrations etc.

Nous portons déjà sur nous le poids de la société, car nous voulons par-dessus tout correspondre à ce que les autres attendent comme si nous n’étions pas déjà parfaits, et pour cela nous nous goinfrons, pour combler ce vide imaginaire.

Quel que soit le terme choisi, libérons-nous des cases 

Et toi ? Quel est ton regard sur le mot « grosse » ?

 

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14 commentaires

  1. Hello Claire
    Je pense que tout comme des mots plutot «  pejoratifs », l’idee est de receptionner mais de ne pas absorber.

    Chacun sa realite, son referentiel… nous n’avons pas tous le meme, comme tu l’evoques 🙂

  2. Hello Julia !
    Réceptionner sans absorber, c’est une jolie formule…
    Souvent je pense aussi à l’accord tolteque « ne rien prendre personnellement » 🙂

  3. Merci pour ton article Claire. Je ne connaissais pas les différences entre body positive et body acceptance. J’ai noté que même Sandra FM (doctorat en santé publique et psychologie) dans son dernier coaching était embêtée au moment d’employer le terme gros. Elle s’excusait sans arrêt de l’utiliser. En tant que professionnelle de santé, je ne suis pas gênée d’utiliser le terme obèse pour un patient, car pour moi, c’est un diagnostic médical, donc neutre, sans aucun jugement. Je l’amènerai quand même avec prudence ( au même titre que tout autre diagnostic), car ce n’est pas à moi d’annoncer un diagnostic, c’est au médecin.

    1. Merci Muriel pour ton partage ! Oui, c’est triste mais le terme « gros » est souvent diabolisé. Dans le livre « Grosse et alors ? », l’auteure explique que l’utiliser (associé à personne : exemple, personne grosse et pas juste un gros) permet de lutter contre cette image négative. J’avais aussi cette idée de neutralité pour les termes médicaux surpoids ou obésité, mais je trouve maintenant qu’elles donnent l’impression qu’on n’est pas assez bien (surpoids implique qu’il faut maigrir !).

  4. Bonjour Claire,
    Merci pour ton bel article ! Je suis complètement d’accord avec toi, il est tellement important de se libérer des cases ! J’adore ton concept de « Body acceptance » et la formule que tu utilises à la place de « surpoids » 🙂

  5. Je suis diététicienne et je n’ai pas le mot « gros ». Il est malheureusement péjoratif. Je perçois plus les gens comme ils sont en tant que personne plutôt qu’en me fiant à l’apparence! Chaque personne a son vécu, pas besoin de rajouter des mots négatifs!

    1. Merci Caroline pour ton partage ! Le mot « gros » ne devrait justement pas être péjoratif, mais cela est due à notre société qui stigmatise les personnes grosses. En tout cas c’est top de considérer la personne comme un tout, et pas juste se fier à l’apparence !

  6. Tu mets vraiment le doigt sur le cœur du problème : bien souvent, l’image que l’on a de notre corps est décorrélée de ce que perçoit le reste du monde. Et ce quel que soit son poids ! Le problème en disant « je suis grosse » ou « je suis trop petite » ou « je suis vieille » c’est que c’est par rapport à une norme qui nous a été imposée. Et on a toutes tendance à faire une fixation sur un truc que l’on n’aime pas chez soi et à réduire son identité à cette chose-là… On ne peut pas attendre que la société change pour proposer davantage de tolérance et d’ouverture sur les modèles féminins. Donc en attendant, changer sa manière de se positionner dans ce monde de fous reste la seule option !

    1. Merci Samantha pour ton retour ! Oui, l’image qu’on a de soi est souvent en décalage avec notre propre physique.
      En revanche, plus je m’intéresse au sujet plus je prends à coeur l’idée de faire bouger les lignes de la société- qui constitue une somme d’individus ! Car le problème de la grossophobie est global comme le décrit Lisa niveau médical, mais aussi vêtements, sièges etc. Bon, c’est sûr que avant de changer le monde il faut commencer par changer sa propre perception, et ce sera déjà pas mal 😉

  7. Merci claire pour ton article,
    Enfant j’étais plutôt costaud, mais je ne me suis jamais considéré comme gros, en effet, même chez les costaud il y a des nuances…Moi j’étais du genre tonique et…bagarreur, aussi gros était une des 3 insultes sur lesquelles je m’autorisais à répondre physiquement, les 2 autres étaient celles insultant ma mère ou ma nationalité.
    Ceci étant certains, qui se considéraient plus dans la norme dérapaient parfois…
    Pour ce qui concerne les références au poids, en fin de 3eme (14 ans) je pesais 65 Kg pour 1,60m.
    Et je me souviens d’avoir à l’époque commencé à rêver(j’ai toujours été très rêveur)de moi en format élancé et sportif et ce printemps là je commençais à aller jouer au foot avec mes copains après chaque souper, j’ai aussi réduit fortement ma consommation de douceurs (bonbons, boissons sucrées,…)…(J ai lut quelques magasines et essayé de suivre certains conseils), l’été est arrivé et j’ai poursuivi mes efforts et le fait est que à ma rentrée en 2nd beaucoup de mes copains ne m’ont pas reconnu quand je suis revenu…car je mesurais désormais 1,85m pour 65kg…Mon cas n’est pas un cas isolé et beaucoup de garçons à l’adolescence vivent ce genre d’évolution..
    Moralité j’ai conservé le mix : alimentation équilibrée-sport, la discipline en matière de sommeil ne s’imposant pas à moi puisque j’ai toujours naturellement eut un bon équilibre de ce côté.
    Comme tu l’évoques dans ton article j’avais (que je vis mieux à présent) une blessure d’abandon jeune que j’équilibrais par de l’apport de sucre (de douceur) : compliqué d’avoir un équilibre physio sans prendre le temps d’écouter et comprendre notre enfant intérieur …
    La difficulté de celui qui est un peu en dehors de la norme réside dans notre besoin d’exister et d’interagir avec l’autre…Et les qualités malheureusement sont moins visibles que les détails physiques…L’avantage quand on l’a compris est qu’on bénéficie par des rondeurs ou autres d’un filtre naturel à l’épreuve des gens superficiels. C’est surtout sur le plan professionnel ou des fois ça peut-être pénalisant..

    1. Merci beaucoup Carl pour ton partage d’expérience ! Tu as sur prendre le cap d’un équilibre (alimentation, sport) à l’adolescence sans tomber dans les régimes restrictifs, c’est super 🙂 Drôle d’expérience de ne pas être reconnu par ses amis, ça m’est arrivé lorsque j’ai perdu beaucoup de poids aussi par mon propre père de retour de voyage ! Oui, tu as raison, on apprends à faire le filtre des personnes qui s’arrêtent à l’apparence… mais cela n’empêche pas que soi-même on peut continuer à juger par ce biais-là, car c’est la première chose qu’on perçoit d’une personne, le physique ! Et les clichés grossophobes sont tellement ancrés (être gros = glouton, paresseux, incompétent…) que c’est un travail quotidien de s’en défaire.

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