La crise de boulimie, c’est comme un tsunami. Tu la sens arriver par des petits frémissements, lorsque tu rentres chez toi après le travail. Et puis la vague te submerge, l’envie de manger devient trop forte.

Souvent le soir, tu te jettes sur des paquets de chips, biscuits, glaces…tous ces « aliments interdits » que tu aimerais éviter pour perdre du poids.

Mais plus tu cherches à maigrir, plus tu es obsédée par la bouffe.

Alors comment sortir de ce cercle vicieux et guérir des compulsions alimentaires ?

crise de boulimie

Photo : Canva

Qu’est-ce qu’une crise de boulimie ?

Une crise de boulimie se caractérise par l’absorption en grandes quantités d’aliments très caloriques (souvent gras, sucrés) sur une courte période de temps (moins de deux heures), avec un sentiment d’urgence.

Le trouble du comportement alimentaire existe lorsque ces crises ont lieu deux à trois fois par semaine sur une période minimum de trois mois.

A ce jour, l’anorexie et la boulimie touchent pour 90 % les femmes, et l’hyperphagie 50 % d’hommes et de femmes. Ces troubles apparaissent à l’adolescence. 

La boulimie se distingue de l’hyperphagie par les mécanismes de compensation qui sont mis en place : vomissements, prise de laxatifs ou diurétiques, jeûne ou restrictions drastiques, sport à outrance pour tenter de compenser les excès !

Problème : même si elles peuvent donner le sentiment d’un soulagement dans l’immédiat (calmer la peur de grossir, éliminer le mal-être dû à l’indigestion), les conséquences peuvent être graves pour la santé.

Les crises constituent un rituel avec trois phases :

  1. La pré crise

Souvent en fin de journée, la personne ressent une fatigue, une lassitude, un vide intérieur. Elle a pour automatisme de le combler par la nourriture, et ressent un sentiment d’urgence, un besoin de manger le plus possible, de se remplir.

  1. La crise

Elle peut durer de quelques minutes à plusieurs heures. Souvent en cachette, la personne ingère de grandes quantités d’aliments souvent gras, sucrés, très caloriques. Le but n’étant pas de se faire plaisir mais de se remplir, elle peut même ingérer des aliments encore congelés ou crus, avaler sans mâcher…jusqu’à une réplétion complète de l’estomac, qui finit par se distendre. Les sensations de faim et de satiété deviennent compliquées à ressentir.

  1. L’après crise

Cet épisode boulimique crée un malaise physique et psychologique. La personne peut chercher à se soulager en se faisant vomir, ou prendre des laxatifs, diurétiques, pratiquer du sport à haute dose pour chercher (inutilement) à compenser. Elle se sent coupable, honteuse. L’impact sur l’image de soi et du corps est désastreux.

L’alimentation et l’envie de maigrir deviennent les piliers de la vie de la personne souffrant de TCA. L’alimentation parce qu’on est obsédé par le sujet : quoi manger ou pas manger, à quel moment… Se restreindre puis craquer.

L’envie de maigrir parce que c’est l’objectif ultime, qui conditionne même le bonheur et l’estime de soi.

Tu te sens concerné ? Je t’invite à recevoir gratuitement ton guide « les 7 erreurs qui font que tu manges sans pouvoir t’arrêter » :

Pourquoi a-t-on des crises de boulimie ?

Hypersensibilité

Il peut y avoir eu un traumatisme, des abus sexuels, une histoire familiale difficile, un terrain de personnalité hypersensible / dépendante, un état dépressif !

MAIS tout cela n’est pas obligatoire, la première cause est la restriction physique ou émotionnelle vis-à-vis de l’alimentation.

Régimes et restrictions

Souvent induite par la volonté de maigrir à l’origine, la personne va se priver et regrossir (comme 90% de ceux qui font un régime).

Et c’est parti pour le cycle infernal compulsions/ restrictions : plus on cherche à maigrir, plus on est obsédé par la nourriture. On s’intéresse à la nutrition, ce qu’il faut manger pour perdre du poids, etc.

En complément je t’invite à lire l’article : « Hyperphagie, boulimie : quel traitement ? ».

Plus on cherche à contrôler, plus on perd le contrôle !

Car la nourriture relève d’un domaine instinctif, et manger doit rester un acte naturel.

Dès lors qu’on se coupe de ses sensations et qu’on introduit le mental, la culpabilisation, on catégorise certains aliments comme «interdits » ou  «mauvais » et on va finir par les manger de manière excessive comme pour se venger, en alternant entre frustration et culpabilité.

Avantages inconscients

Pourtant, même si l’individu se dissocie de ses troubles, comme s’il y avait un petit monstre en lui, il y trouve bien des avantages inconscients :

  • Le surpoids agit comme un airbag relationnel : tenir À distance les autres, notamment les hommes parce qu’on n’assume pas son envie de plaire et les rapports de séduction. On ne sait pas non plus dire non, alors on préfère éviter les sollicitations.
  • Les crises permettent une anesthésie du mental. Que la journée ait été bonne ou mauvaise, la crise de boulimie est le rendez-vous quotidien du soir, au point qu’on ne sait même plus pourquoi on la fait ! C’est un mode « pilote automatique » qui permet de ne rien ressentir pendant qu’on la fait. Cela étant, on souffre physiquement et psychologiquement, mais au moins cette souffrance est connue ! On craint le vide béant que l’absence de crises laisserait. Que se cache-t-il derrière ? Une dépression ? Des mauvaises pensées ?

Conséquences

Les comportements de restrictionvomissements ou prises de laxatifs peuvent entraîner de nombreuses conséquences psychologiques et complications :

  • L’érosion de l’émail des dents, des caries, gingivites, mauvaise haleine et reflux gastro-œsophagiens 
  • Des troubles sexuels, problèmes de fertilité, aménorrhée (disparition des règles) ou dysménorrhée (règles irrégulières)
  • Gonflement des glandes salivaires, baisse du taux de potassium pouvant conduire à une insuffisance cardiaque (dans le cas des vomissements)
  • Constipation, déshydratation, œdèmes, insuffisance rénale ou encore anémie (dans le cas notamment de prise de laxatifs ou diurétiques)
  • Ostéoporose
  • Faible estime de soi, obsession pour le poids et l’image du corps
  • Dépression, risques suicidaires, isolement social, interruption des études ou du travail
  • Addiction à d’autres substances : alcool, drogue
  • Conduites ou comportements à risques (rapports sexuels non protégés), kleptomanie
  • Toutes les conséquences du surpoids et de l’obésité pour l’hyperphagie (crises de boulimie sans comportements restrictifs)

Une personne boulimique peut avoir un poids « normal » et cette maladie ne se détecte pas de l’extérieur. Les crises se font en cachette, accompagnées d’un sentiment de honte et de culpabilité.

Au-delà des conséquences physiques, les troubles du comportement alimentaire entretiennent une mauvaise image de soi, pouvant aller jusqu’à un dégoût, des envies suicidaires !

Il y a aussi un côté rassurant car les crises deviennent un rituel. La maladie fait souffrir, certes, mais que se passerait-il si on guérit ? N’y a-t-il pas un vide béant qu’on tente désespérément de remplir par la bouffe ?

Comment gérer ce trop plein d’émotions sans le pilier de la nourriture ?

Comment soigner la boulimie et l’hyperphagie ?

Plusieurs paramètres définissent la crise de boulimie :

  • Un sentiment d’urgence : le besoin de manger beaucoup, tout de suite
  • La compulsion : on n’est pas en train d’apprécier mais de se remplir
  • La culpabilité : on s’en veut beaucoup et on se sent nul
  • La promesse de restriction future : vu qu’on a « fauté » on se dit que c’est terminé

crise de boulimie

Image Canva

Alors, je te propose de transformer tes crises de boulimie, en festins joyeux qui vont permettre à ton cerveau reptilien de se calmer. A terme, ils s’espaceront d’eux-mêmes pour disparaître.

La permission inconditionnelle de manger

Ne cherche pas à résister à l’impulsion, imagine que tu es un surfeur et que tu vois la vague arriver. Surfe sur la vague joyeusement !

Légalise tous les aliments. Le fait de se donner la permission inconditionnelle de tout manger, tout le temps (en théorie bien sûr) permettra à ton instinct de se calmer. En effet, c’est le fait de diaboliser certaines catégories d’aliment (le sucre blanc, le gras, les bonbons) qui va les rendre irrésistibles et donner ce sentiment d’être accro au sucre !

Cela ne veut pas dire que tout est bon pour toi, mais il s’agit d’équilibrer et tu as besoin que ton inconscient comprenne que plus rien n’est interdit. Donc, il n’a plus besoin de se ruer sur ces prétendus « mauvais » aliments. Cela prend du temps et demande de l’exercice, si tu as besoin d’un coup de main réserve ta séance de coaching individuel à distance.

Accepte ce moment comme un festin dont ton âme et peut-être ton corps a besoin sur le moment. Tu vas apprendre petit à petit à accueillir tes émotions, trouver d’autres voies pour régler tes problèmes ou combler cette sensation de vide intérieur avec le temps, en parallèle des festins… Le besoin de te précipiter vers la nourriture diminuera tranquillement.

Travail sur les croyances

Apprends à reconnaître tes pensées de restriction. « Pour compenser je vais sauter le petit déjeuner » ou « je mangerai une salade demain » et remplace-les par « mon corps a besoin de s’alimenter régulièrement, plusieurs fois par jour ». La nourriture c’est ton carburant, c’est de l’énergie de vie !

Continue à prendre 2 ou 3 repas fixes et complets chaque jour, selon tes habitudes. Car c’est un cercle vicieux : si tu prives encore ton corps, tu auras à nouveau envie de te jeter sur la nourriture.

Et en gardant ouverte la possibilité de remanger du chocolat demain, après-demain et tous les jours de ta vie (si tu en as envie), finir la tablette devient tout de suite moins urgent.

crise de boulimie

Photo : Canva

Note la sensation d‘inconfort physique comme un simple constat. Fais-toi une tisane ou bois un verre d’eau si ça te fait du bien, puis, passe à autre chose. Continue ta vie normalement.

Rappelle-toi le modèle du mangeur « normal » à qui ça arrive aussi de trop manger, et qui se laisse vivre sa vie tranquillement ! Il fait confiance à son corps et à son appétit pour se réguler tout seul et ne se sent pas nul d’avoir trop mangé à un moment, il s’est juste fait plaisir. Nous sommes tous nés « mangeurs intuitifs » !

Estime de soi et peur de grossir

Mets ta balance de côté. Achète des habits à ta taille, qui te mettent en valeur. Rappelle-toi que ta valeur en tant que personne ne dépend pas de ton poids ! Donne la priorité à la guérison, à ta santé mentale. Fais confiance à ton corps, car même si tu prends quelques kilosdans la phase de légalisation de tous les aliments, ensuite ton corps va se libérer du superflu et revenir à son set-point, son poids d’équilibre.

Fais des activités qui te font te sentir bien : hammams, massages… Sens-toi canon et sexy ! Les Américains disent : Fake it until you make it : fais-comme si, et tu le deviendras…

Dresse une liste de tes projets et envies, et commence à les réaliser en partant du plus facile. Le surpoids n’est pas un obstacle, mais un prétexte !

N’oublie jamais que l’acceptation, c’est le point de départ du changement. Ce n’est pas en menant une guerre perpétuelle à tes kilos et à tes capitons que tu arriveras à un équilibre ! Pareil pour l’alimentation : as-tu vraiment envie d’être au régime toute ta vie pour maintenir un poids qui te convient ? 

Qui consulter ?

Ne reste pas seule avec tes troubles ! Cela fait des mois, peut-être des années que tu as le nez dedans et c’est difficile d’avoir le recul nécessaire.

Tu as peut-être testé différentes solutions présentées ci-dessous. J’ai dressé une liste la plus exhaustive possible pour te montrer qu’il existe toujours UN moyen en plus que tu n’as pas encore testé. La guérison est possible !

Si les proches sont souvent démunis face à la maladie, un professionnel aura la neutralité et la connaissance nécessaire pour t’aider. Il faut parfois tester différentes techniques, rencontrer différents professionnels pour trouver la solution qui te convient.

Hypnose

L’hypnose est un état de conscience modifié, pour nous aider à libérer nos ressources inconscientes. Nous ne parlons pas ici de l’hypnose de spectacle mais d’hypnothérapie, pour soigner ! Le thérapeute n’est qu’un révélateur de vos propres ressources. 80% des personnes sont réceptives à l’hypnose. Il faut souvent plusieurs séances pour constater une différence significative. Le tarif varie de 80 à 100 euros la séance (selon que tu te situes dans une petite ou grande ville…) Pour une durée moyenne de une heure.

Psy

Un psychiatre est un médecin, à ce titre les consultations seront remboursées par l’assurance maladie. Il pourra prescrire des médicaments, par exemple des anti-dépresseurs. Un psychologue est un professionnel de l’aide, les consultations ne sont pas prises en charge par la sécurité sociale (vérifie auprès de ta mutuelle). La séance chez le psychologue coûte entre 50 et 70 euros, en moyenne.

Thérapies cognitive-comportementales (TCC)

Ce sont des thérapies brèves, qui travaillent sur les croyances, les émotions…  Leur efficacité est prouvée dans le cas de troubles du comportement alimentaire. Elles se pratiquent en séance individuelle, sur une durée d’un an, avec des exercices à faire chez soi (exemple : manger une tablette de chocolat en pleine conscience), des jeux de rôle… Elles sont pratiquées par des psychiatres et psychologues formés, le remboursement des séances dépendra donc du professionnel (cf. plus haut).

Groupes de parole

Le principe des réunions des Alcooliques Anonymes est bien connu, et l’efficacité démontrée. Le fait de se réunir aide à se sentir moins seul, tout en étant supervisé par un professionnel. Plusieurs associations proposent des groupes, comme l’association Boulimie Anorexie ou l’association Enfine. A noter qu’il existe des groupes de paroles réservés aux proches, souvent victimes collatérales de ces troubles.

Coaching de vie

Contrairement à une analyse avec un psy, qui va chercher à comprendre « pourquoi » et regarder le passé, le coaching se demande « comment » et regarde le présent, le futur. On définit un objectif lors de la première séance, qui se déroule avec beaucoup d’écoute, de questionnements et d’exercices pratiques. Les séances de coaching individuelles coûtent de 50 à 5000 euros (oui oui !) ¬ (pour une heure en moyenne) et ne sont pas remboursées. Il existe aussi des programmes de coaching en ligne, avec des vidéos, des exercices… adaptés à ton trouble.

Comme le programme Yoga & TCA pour apaiser tes compulsions alimentaires.

Yoga en ligne

Yoga

Notre être n’est pas qu’un esprit ni qu’un corps. C’est pourquoi je recommande en parallèle d’un travail sur les croyances, une activité pour se réconcilier avec son corps. Pour cela, quoi de mieux que le yoga ? Une discipline douce, accessible à tous les corps, sans objectif ni performance. Dès la première séance tu ressentiras un bien-être intense. Parfait pour calmer l’anxiété, développer la confiance en soi

Alors, prêt pour la guérison ? Arme-toi de patience, de courage et d’espoir et tu y arriveras ! Pense à la liberté et à l’énergie que tu vas gagner en te débarrassant de ces pensées obsessionnelles autour de la bouffe et du poids ! Pense à la vie de tes rêves que tu vas pouvoir construire en te réconciliant enfin avec ton corps ! 

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21 commentaires

    1. Merci beaucoup Pascal d’avoir pris le temps de lire et commenter ! C’est vrai que le titre joue beaucoup dans le succès d’un article 😉

  1. Très bon article, complet et précis. Certains des mécanismes et schémas de pensée décrits, m’évoquent la dépendance (affective / à une substance). Je pense notamment à la ritualisation, et au cercke vicieux : sentiment de culpabilité => restriction => frustration => rechute => sentiment de culpabilité (et ainsi de suite).
    Ne se pourrait-il pas qu’un lien existe également entre boulimie et addiction au sucre ?

    1. Merci beaucoup François pour ton retour !
      Très juste, la dépendance affective est souvent liée à la boulimie… en fait quand on a un tempérament « Addict », ça peut passer d’un objet à l’autre (boulimie de bouffe, puis shopping, parfois multi addictions alcool / drogues…). Je ne connaissais pas le concept de ritualisation, c’est lié à la dépendance affective ?
      Concernant l’addiction au sucre, elle n’existe pas à proprement parler (sinon on mangerait du sucre blanc direct lol), j’en parle un peu plus dans cette vidéo si ça t’intéresse : https://youtu.be/EF_cdnuCNGM

  2. Merci pour cet article plein de bienveillance. Ça m’arrive aussi de « tomber » sur un paquet de chips ou une tablette de chocolat puis de culpabiliser. Je vais suivre ces conseils pour éviter de futures crises de boulimie 👍

    1. Merci beaucoup Gladys pour ton retour et ton partage d’expérience ! Tu as raison, reste douce avec toi-même et profite de tes plaisirs sans culpabilité ! Tu n’auras jamais envie de ne manger que des aliments gras et sucrés/salés si tu t’écoutes sans te restreindre 😉

  3. Merci Claire pour cet article extrêmement complet et soigné, avec de nombreuses ressources. Les mécanismes clés sont bien décortiqués. Notamment celui de la restriction : c’est la restriction qu’elle soit physique, émotionnelle ou même uniquement cognitive (pensées éronées), et c’est souvent une combinaison de ces restrictions qui amène les crises de boulimie.

    Sur le plan de la physiopathologie des crises, le rôle du microbiote est maintenant aussi extrêmement documenté et un microbiote déséquilibré peut fortement contribuer aux crises, parce que les substrats du microbiote (l’environnement du microbiote qui est créé par les aliments ingérés) favorise tel ou tel type de population bactérienne. Ensuite c’est le cercle vicieux.

    Merci pour l’apport du yoga comme source précieuse d’équilibre corporel, mental et émotionnel.

    1. Merci Emma pour ton retour construit et détaillé ! Très instructif ce que tu expliques sur le microbiote. On voit à quel point tout cela est un engrenage dans lequel on peut facilement s’empêtrer, et manquer de recul sans aide extérieure…

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